La Vierge du Pilier : un symbole d’espérance à travers les siècles

Parmi les trésors que recèle Notre-Dame de Paris, la statue de la Vierge du Pilier, familièrement appelée Notre Dame de Paris, occupe une place à part. Témoignage de la dévotion mariale qui a façonné l’histoire de la cathédrale, cette statue remarquable, empreinte d’une force spirituelle rare, plonge ses racines dans le XIVe siècle.

Procession du 15 novembre : le retour de la Vierge du Pilier

Après avoir parcouru la France et ses diocèses sous forme de répliques réalisées par différents artisans, c’est le soir du 15 novembre, que la statue de la Vierge du Pilier a retrouvé sa demeure, en la cathédrale Notre-Dame de Paris.  

Son retour s’est fait par une grande et émouvante procession aux flambeaux qui a débuté à 18 heures. Partant du parvis de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois (1er), elle a accompagné la statue jusqu’au parvis de la cathédrale où elle a été accueillie et bénie par  Mgr Ulrich, avant d’entrer dans une veillée, animée par l’association des Pierres Vivantes.

L’histoire d’un miracle au milieu des cendres

D’abord installée dans la chapelle Saint-Aignan, située dans l’ancien cloître des chanoines sur l’Île de la Cité, elle est transférée à Notre-Dame en 1818. Depuis, elle y demeure, témoignant de l’attachement de générations de croyants, qui voient en elle un refuge dans les moments de doute et une source de consolation dans la joie comme dans la peine.

La nuit du 15 avril 2019, les flammes ont englouti la charpente, mettant en péril les trésors de la cathédrale. Pourtant, au milieu des décombres, la Vierge du Pilier est restée miraculeusement intacte. Pour beaucoup, ce fut un signe : malgré les épreuves, la présence bienveillante de Marie continue de protéger Notre-Dame et ses fidèles. La statue de la Vierge du Pilier, dite aussi Vierge à l’Enfant, devintau lendemain de l’incendie, la « Vierge qui se tient debout », Stabat Mater, devenant ainsi un signe de consolation et d’espérance pour des milliers de personnes à travers le monde.

À travers les siècles, Notre-Dame a traversé guerres et révolutions, mais cet incendie rappela à tous l’importance de préserver ce patrimoine spirituel et culturel. La statue, désormais restaurée, est devenue un symbole de la résilience de Notre-Dame et de l’espérance inextinguible des fidèles qui l’ont reconstruite grâce à l’élan de solidarité de 340 000 donateurs, réunis au lendemain de la tragédie.

Des répliques pour rapprocher Marie des fidèles

Dans l’attente de la réouverture de la cathédrale, et pour permettre aux fidèles de continuer à se recueillir, des répliques de la statue ont été minutieusement réalisées par des artisans. L’une d’elles, placée sur le parvis de Notre-Dame, invite les visiteurs à un moment de prière, comme une promesse de renouveau, et veille sur la cathédrale. Une autre réplique a parcouru les diocèses de France. De ville en ville, elle a rapproché Marie de ceux qui, croyants ou non, sont touchés par la symbolique puissante de Notre-Dame. Elle a visité Arras, Belfort, Gap et Lille, suscitant à chaque étape un profond élan de ferveur, et témoignant de l’unité d’un peuple rassemblé autour de ce symbole universel.

Le 7 novembre dernier la statue est arrivée à Paris, marquant le début d’une neuvaine allant jusqu’au 15 novembre, jour de la grande procession, émouvante et solennelle organisée pour son retour au sein de la cathédrale. La statue originale reprendra alors sa place, et les fidèles pourront, à nouveau, se recueillir devant elle, dans cet espace sacré qui a vu naître et grandir tant de dévotions.

La bouche se contracte en une apparence de moue et prédit des pleurs. Peut-être qu’en parvenant à empreindre en même temps sur la face de Notre Dame ces deux sentiments opposés, la quiétude et la crainte, le sculpteur a voulu lui faire traduire à la fois l’allégresse de la Nativité et la douleur prévue du Calvaire.
J.-K. Huysmans, La Cathédrale

© DR