Un monument chrétien

Au-delà d’un trésor patrimonial, la cathédrale Notre-Dame représente ce que les hommes peuvent accomplir lorsque, mus par leur désir de transcendance, ils unissent leurs forces et leurs intelligences pour faire œuvre commune. Le projet actuel doit poursuivre cette histoire et rendre intelligible, pour notre siècle, la foi qui a conduit à bâtir ce chef-d’œuvre. Ouverte à tous, selon la juste compréhension du mot catholique, la cathédrale est et restera constante dans sa raison d’être – à savoir l’initiation au mystère chrétien.

Ainsi nous était rappelée, lors de la fête de la Dédicace de Notre-Dame de Paris, la double nature de la cathédrale : monument historique d’abord, emblématique d’une certaine conception du patrimoine français ; centre religieux ensuite, Notre-Dame ayant toujours été un haut lieu de la chrétienté occidentale. Jusqu’en 2019, l’édifice accueillait, outre les touristes, des millions de pèlerins venus du monde entier. Les fidèles se recueillaient devant l’autel de Marie, face à la statue dont les traits personnifient la cathédrale, tout en la référant à l’image éternelle de la Vierge. Quand le calendrier liturgique le permettait, ils venaient aussi adorer la Sainte Couronne du Christ qui constitue, avec le Suaire de Turin, l’une des plus importantes reliques de l’Église.

La vie d’une église

Notre-Dame est au cœur de la vie liturgique du Diocèse de Paris : elle abrite en effet la cathèdre de l’archevêque, où ce dernier prend place lors des grandes célébrations. Antérieurement à sa construction se trouvait déjà, sur l’île de la Cité, une cathédrale de style roman dédiée à Saint Étienne. Témoin des débuts du culte chrétien, initié en France par Clovis, elle fut démolie au XIIe siècle pour permettre la construction d’un édifice plus grand, intégrant de nouvelles techniques architecturales et reflétant l’évolution de l’art sacré vers le gothique. Ce lieu parisien a donc toujours été un lieu de culte, dédié aux activités du Diocèse. L’arrivée des reliques de la Passion en 1239 fait rayonner la cathédrale, devenue un sanctuaire majeur du monde chrétien. 

Le catholicisme à Notre-Dame

Une cathédrale intégralement catholique, donc par définition ouverte à tous : que signifie précisément cette idée ? Le christianisme est une religion de l’universalité ; le catholicisme, lui, est l’institution de cette universalité dans le corps de l’Église, à la fois assemblée mondiale, portée par le Pape et ses représentants, et édifice destiné à réunir cette assemblée, à lui fournir un point d’ancrage local. À la base de toute église – comme de toute cathédrale – se trouve ainsi une esthétique de l’ouverture, un certain idéal d’accueil qui s’adresse, non pas seulement aux croyants, mais bien à l’humanité toute entière. Victor Hugo, dans son célèbre roman, ne l’a pas oublié : Notre-Dame est un asile, c’est-à-dire, étymologiquement, un refuge inviolable où l’on trouve protection. C’est dans ce refuge, sacré entre tous puisqu’il est la maison du Seigneur, que l’individu s’initie au Mystère chrétien. Car la cathédrale se pense aussi comme un discours, une pédagogie implicite où l’âme est l’élève des images iconiques qui rythment son parcours, comme une vaste grammaire. Il n’est pas facile, cependant, de saisir les subtilités du dogme catholique, ni le sens symbolique de la circulation dans l’édifice ; aussi le programme des aménagements intérieurs prévoit-il de guider le visiteur, le plus clairement possible, durant son cheminement.  

© Photos Dumoux, Yannick Boschat