Personnages historiques
Saint Louis (1214 – 1270)
Louis IX, plus communément appelé Saint Louis, a régné sur la France de 1226 jusqu’à sa mort en 1270. Issu de la dynastie capétienne, ce souverain connu pour son caractère pieux et réformateur fit passer la France d’une monarchie féodale à une monarchie moderne, en développant la justice royale et en s’inspirant des valeurs du christianisme pour promouvoir un pouvoir juste, fondé sur un rapport direct entre le roi et ses sujets. Il se veut ainsi un guide spirituel et politique, œuvrant pour le triomphe de la justice dans la civilisation. Il assiste à la construction de nombreux édifices religieux, dont celle de Notre-Dame de Paris, commencée en 1163.
Après s’être procuré les reliques de la Passion, pour lesquelles il fait construire la Sainte Chapelle en 1242, il participe à la septième et la huitième croisade, durant laquelle il meurt de maladie. Considéré comme un saint de son vivant, il est canonisé en 1297 par le pape Boniface VIII.
Victor Hugo (1802 – 1885)
Homme de lettres et homme politique, poète total et engagé, Victor Hugo est un acteur incontournable du XIXe siècle français. C’est aussi une figure centrale de l’histoire de Notre-Dame. De ce grand « livre de pierre », il fait le protagoniste éponyme de son roman Notre-Dame de Paris, dont la publication en 1831 déclenche une mobilisation nationale pour l’édifice. De cet élan germera, en 1842, le vaste projet de restauration lancé par le Ministre de la Justice et des cultes.
Connue pour son emphase, la prose hugolienne ne peut qu’aimer la grandeur de ce monument emblématique du Moyen-Âge français, dans lequel le romantisme puise alors ses sources d’inspiration. Comme Viollet-le-Duc, Hugo fait partie des défenseurs du gothique médiéval, associé à l’image de la monarchie, et célèbre le sublime de ces édifices dont il s’agit pour lui de redorer l’image. Célébrées en grande pompe, ses funérailles au Panthéon gravent à jamais son nom dans le marbre.
Il y a quelques années qu’en visitant, ou, pour mieux dire, en furetant Notre-Dame, l’auteur de ce livre trouva, dans un recoin obscur de l’une des tours ce mot gravé à la main sur le mur : ’ANÁΓKH. Ces majuscules grecques, noires de vétusté et assez profondément entaillées dans la pierre, je ne sais quels signes propres à la calligraphie gothique empreints dans leurs formes et dans leurs attitudes, comme pour révéler que c’était une main du moyen âge qui les avait écrites là, surtout le sens lugubre et fatal qu’elles renferment, frappèrent vivement l’auteur. […] Depuis, on a badigeonné ou gratté (je ne sais plus lequel) le mur, et l’inscription a disparu. Car c’est ainsi qu’on agit depuis tantôt deux cents ans avec les merveilleuses églises du moyen âge. Les mutilations leur viennent de toutes parts, du dedans comme du dehors. Le prêtre les badigeonne, l’architecte les gratte, puis le peuple survient, qui les démolit.«
Victor Hugo, préface de Notre-Dame de Paris (1831)
Eugène Viollet-le-Duc (1814 – 1879)
Né à Paris en 1814, Eugène Viollet-le-Duc est un architecte majeur du XIXe siècle français. Véritable autodidacte, il refuse de suivre le modèle académique et se forme sur le terrain, au contact des monuments d’Europe dont ses carnets de croquis conservent scrupuleusement les formes. Proche de Prosper Mérimée, alors inspecteur général des monuments historiques, il entame en 1840 une carrière atypique, faite de restaurations controversées et de fonctions prestigieuses au sein des institutions patrimoniales de l’État.
Dans un contexte de réhabilitation de l’art gothique, reconnu comme architecture nationale par excellence, Viollet-le-Duc se fait le héraut d’un certain médiévalisme fondé sur des principes rationnels, directement inspirés des bâtisseurs. Il peut compter sur l’appui du bataillon néogothique, en particulier de l’architecte Lassus avec lequel il restaure Notre-Dame de Paris.
Leur projet, sélectionné en 1844, rend à la cathédrale sa superbe tout en s’autorisant certains ajouts, pensés comme prolongements de l’édifice originel. Ainsi la nouvelle flèche en plomb, purement ornementale, se justifie-t-elle par une conception toute personnelle de la restauration, qui vaudra à Viollet-le-Duc les foudres des plus rigoristes de son temps. Mais ses travaux ne s’arrêtent pas à la structure des bâtiments : guidés par sa conception organique de l’espace, ils intègrent aussi des éléments de mobilier, des décors et des objets de culte dont il fait fabriquer des versions dessinées dans le style du Moyen-Âge. Parmi ces objets, on retrouve la châsse-reliquaire de la Couronne d’épines, l’ostensoir néo-gothique et l’impressionnant lutrin en bois qui ornaient la cathédrale jusqu’à l’incendie.
Outre la trace de ses interventions sur les monuments français, l’héritage de Viollet-le-Duc prend une forme théorique dans son magnum opus, le monumental Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle. Publié de 1854 à 1858, cet ouvrage compte parmi les plus influents traités d’architecture du XIXe siècle européen. Aussi Viollet-le-Duc, loin d’être un simple « pasticheur », demeure-t-il l’un des grands théoriciens de l’architecture moderne.