Notre-Dame 2030 : une nouvelle étape pour un monument vivant
Depuis sa réouverture en décembre 2024, Notre-Dame de Paris a retrouvé son souffle. Sa lumière, ses chants, la ferveur de ses fidèles et l’émerveillement de ses visiteurs ont réinvesti les lieux, témoignant d’un attachement mondial à cet édifice emblématique. Mais au-delà du relèvement, une nouvelle dynamique est en marche. Car restaurer un monument, ce n’est pas seulement le reconstruire ; c’est aussi lui redonner toute sa force d’accueil, de transmission et de rayonnement.
C’est dans cet esprit qu’est né le programme Notre-Dame 2030, une initiative portée par le Fonds Cathédrale de Paris, sous l’égide de la Fondation Notre Dame. Héritier d’un engagement initié dès 2017 pour sauver la cathédrale et accélérer ses premiers travaux, le Fonds ouvre aujourd’hui une nouvelle page : celle d’un édifice vivant, résolument tourné vers l’avenir.
Un programme ambitieux, pensé sur le long terme
Notre-Dame 2030 vise à prolonger l’élan collectif suscité par l’incendie de 2019 en initiant un nouveau cycle de projets d’ici la fin de la décennie. Son objectif est clair : mobiliser 6 millions d’euros pour accompagner la cathédrale dans sa pleine renaissance.
Conçu comme un plan d’action sur cinq ans, ce programme intègre des dimensions complémentaires, au service à la fois du patrimoine bâti, de l’accueil du public, de la création artistique, et de la vie liturgique et communautaire. Les trois premiers projets, désormais lancés, en dessinent les contours. Mais d’autres suivront, prolongeant ce renouveau dans toutes les dimensions de la mission de Notre-Dame.

Trois projets inauguraux pour prolonger l’élan de la reconstruction
Redonner une âme aux chapelles : création de tapisseries liturgiques
Les chapelles du transept nord, récemment restaurées, attendent aujourd’hui d’être réinvesties par l’art sacré. Un nouveau cycle de tapisseries viendra y inscrire une présence artistique, spirituelle et contemporaine. Chaque chapelle porte désormais le nom d’une figure majeure de l’Ancien Testament – Noé, Abraham, Moïse, Isaïe, David, Salomon et Élie – et accueillera une tapisserie inspirée de son histoire. Ces œuvres monumentales, hautes de près de cinq mètres, seront réalisées entre 2025 et 2030 par deux artistes de renom : Miquel Barceló, figure majeure de la scène contemporaine espagnole, et Michael Armitage, jeune artiste anglo-kényan dont l’univers dialogue avec la tradition africaine. Le tissage de ces tapisseries mobilisera les savoir-faire d’exception des Manufactures nationales des Gobelins et de Beauvais, et pour la chapelle d’Élie, celui d’Aubusson, inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Le Fonds Cathédrale de Paris finance cette dernière œuvre tissée à la main, symbole d’un enracinement dans la tradition et d’une ouverture à la création d’aujourd’hui.


Créer une expérience sensorielle : un nouveau parcours sonore immersif
À Notre-Dame, on ne fait pas qu’admirer : on écoute. Depuis des siècles, la musique accompagne la vie de la cathédrale, du chant grégorien aux compositions contemporaines. Pour faire entendre cette mémoire, un parcours sonore immersif est en cours de création.
Grâce à un dispositif audioguidé, les visiteurs seront invités à vivre une expérience sensorielle inédite, tissée de voix, d’orgues, d’ambiances liturgiques et de textes sacrés. Une manière d’entrer autrement dans l’intimité sonore de la cathédrale et de faire résonner son histoire musicale dans le cœur de chacun. Ce parcours prolongera la vocation spirituelle et artistique de Notre-Dame, en lui donnant une nouvelle portée.

Accueillir ceux qui font vivre la cathédrale
Au quotidien, ce sont plus de 500 bénévoles et 140 jeunes choristes qui assurent l’accueil, les célébrations et la vie musicale de Notre-Dame. Mais depuis la réaffectation de leurs anciens locaux au nouveau dispositif de sécurité, ces acteurs essentiels de la cathédrale sont relégués dans des structures temporaires, inadaptées à leur mission.
Le programme Notre-Dame 2030 prévoit donc la création de nouveaux espaces d’accueil et de travail, fonctionnels et discrets, à la mesure de leur engagement. Des lieux conçus pour la répétition, la préparation, et la convivialité — conditions indispensables pour faire de Notre-Dame un lieu pleinement vivant, jusque dans ses coulisses.
Une cathédrale tournée vers l’avenir
Ces trois projets ne sont que les premiers jalons d’un programme plus vaste, appelé à s’enrichir dans les mois et les années à venir. Par eux, Notre-Dame affirme sa vocation : celle d’un monument vivant, à la croisée du spirituel, de l’artistique et de l’humain.
Avec Notre-Dame 2030, ce n’est pas un simple chantier patrimonial qui s’ouvre, mais une aventure collective. Car la renaissance de la cathédrale ne s’arrête pas à la pierre : elle passe aussi par les gestes, les voix, les talents de celles et ceux qui la font vivre — et par la générosité de tous ceux qui continuent de croire en sa mission.
© Yannick Boschat; Marie-Christine Bertin; MSNDP