Notre-Dame : Techniques ancestrales pour le travail du bois
Découvrez les secrets du bois choisi pour la restauration de Notre-Dame, les outils ancestraux utilisés pour ce projet et le savoir-faire des artisans au service de la cathédrale.
Techniques médiévales et bois de chêne : un retour aux sources pour l’artisanat du bois
Au lendemain du terrible incendie d’avril 2019, la France s’est mobilisée pour restaurer ce symbole du patrimoine français dans le plus grand respect des traditions. Les charpentiers des Ateliers de la Grande Oye, une petite entreprise établie dans une scierie désaffectée de la vallée de la Loue dans le Jura, jouent un rôle clé dans ce projet monumental. « On est en train de finir… C’est un travail qui nous prend tout notre temps depuis six mois » , confie un des quatre charpentiers de l’atelier, cité dans une interview donnée à l’Est Républicain. Ces artisans utilisent des techniques reprises du Moyen Âge pour façonner les troncs de chêne, comme les charpentiers l’auraient fait à la construction du monument, redonnant vie aux douze fermes mineures de la nef.
La charpente médiévale, aussi surnommée « la forêt » pour sa complexité indéniable, requiert une restauration avec des outils traditionnels.
C’est là qu’interviennent les taillandiers, dont fait partie Cécile Bouisset, spécialisée dans la fabrication d’outils tranchants. L’experte a contribué à la confection de haches, essentielles à cette restauration. « En ce moment, j’ai une passion pour les haches », avoue-t-elle dans une interview donnée à La Dépêche, illustrant sa détermination à parfaire son savoir-faire.
Les outils ancestraux et les secrets du bois
Les outils ancestraux utilisés pour cette restauration comprennent des haches médiévales, des herminettes, des scies passe-partout, et des maillets en bois. Les haches médiévales, recréées avec une précision historique, sont utilisées pour dégrossir les troncs de chêne. Les herminettes, avec leurs lames incurvées, servent à façonner les poutres et les mortaises, garantissant un ajustement parfait. Les scies passe-partout, longues et nécessitant deux personnes pour être manipulées, permettent de scier les troncs de chêne en planches épaisses. Les maillets en bois, quant à eux, sont employés pour enfoncer les chevilles en bois dans les mortaises, assurant ainsi une jonction solide et durable.
Le bois de chêne utilisé dans la restauration provient de forêts françaises soigneusement sélectionnées pour la qualité et l’âge de leurs arbres. Les chênes choisis ont souvent plus de cent ans, garantissant une densité et une durabilité optimales. Les artisans des Ateliers de la Grande Oye privilégient les troncs droits et exempts de nœuds, permettant de créer des poutres robustes et résistantes. De plus, ces troncs sont séchés naturellement pendant plusieurs mois pour éviter tout risque de déformation ou de fissuration.
Une collaboration artisanale unique au service de Notre-Dame de Paris
Le projet de restauration de Notre-Dame dépasse les frontières de l’industrie de la charpente et nécessite une coopération unique entre divers artisans. Cécile Bouisset, depuis son atelier « Les Frappantes », a rejoint plusieurs ateliers de taillanderie pour répondre à cette demande unique : la confection de cinquante haches, nécessaires à la taille des pièces de charpente. « On a tous abandonné nos petites entreprises pour venir en Alsace et travailler sur ce projet, de septembre à décembre 2022 ».
Cette collaboration humanise encore davantage le projet et met en avant les relations interprofessionnelles qui le font vivre au fil des étapes. Pour Cécile Bouisset, voilà qui représente un enrichissement tant personnel que professionnel.
Pour les métiers manuels, une reconnaissance et un impact culturel certains
La participation des artisans à la restauration de Notre-Dame a révélé une reconnaissance accrue des métiers manuels, sans qui rien de cela n’aurait été possible. Ces artisans, souvent dans l’ombre, voient enfin leur expertise mise en lumière. L’intérêt pour les techniques anciennes et l’authenticité du travail effectué soulignent le rôle central des métiers manuels dans la préservation du patrimoine.
Ce projet de restauration contribue également à renforcer l’unité et le sentiment national. L’artisanat français est reconnu pour son rôle essentiel dans la renaissance de ce chef-d’œuvre gothique, symbole de la France bien au-delà de ses frontières. L’ouverture de la cathédrale en décembre prochain est attendue avec enthousiasme, véritable lien entre le passé et le présent, assurant la préservation de Notre-Dame pour les générations à venir.
Le travail des artisans du bois pour Notre-Dame illustre de manière éloquente leur savoir-faire, leur esprit de collaboration et leur attachement à ce symbole éternel qu’est la cathédrale, en s’appuyant sur des techniques traditionnelles célébrées à l’échelle nationale.
© Romaric Toussaint, Rebâtir Notre-Dame de Paris