Un nouveau reliquaire pour la Couronne d’épines

Un reliquaire est bien plus qu’un simple objet : il incarne une rencontre unique entre l’art, la foi et la mémoire spirituelle. Destiné à préserver et mettre en valeur des reliques précieuses, il participe également au recueillement des fidèles et à la transmission des traditions religieuses.


Le 13 décembre 2024, un moment historique a marqué la réouverture de Notre-Dame de Paris, la Couronne d’épines, insigne relique de la Passion du Christ, a fait son retour solennel à Notre-Dame de Paris. À cette occasion, une cérémonie empreinte de piété et d’émotion a rassemblé fidèles et visiteurs dans la cathédrale. Cette relique, qui a traversé les siècles et porté les prières de générations de croyants, sera désormais présentée dans un châsse-reliquaire imaginé par l’artiste et architecte Sylvain Dubuisson.

Entre spiritualité et sobriété : la vision de Sylvain Dubuisson

Sylvain Dubuisson a été profondément inspiré par la nature même de la Couronne d’épines. Pour lui, cet objet sacré incarne un contraste saisissant entre une simplicité matérielle – un humble jonc tressé – et une richesse symbolique incommensurable. Cet écart entre humilité et grandeur a guidé tout son processus créatif.

Dans sa conception, S.Dubuisson a voulu allier modernité et ancrage spirituel, tout en respectant l’histoire et l’aura sacrée de la Couronne. Inspiré par la tradition orientale de l’iconostase – rappelant les origines byzantines de la relique avant son acquisition par saint Louis – il a imaginé un reliquaire vertical, rappelant un grand retable. Cette structure invite à la contemplation et magnifie la Sainte Couronne tout en offrant une expérience immersive aux visiteurs.

La lumière joue un rôle fondamental dans l’œuvre. Dubuisson explique qu’il souhaitait favoriser « un élan spirituel » : par les jeux de transparence et d’ombre, par le rayonnement des matériaux choisis, et par la structure ajourée qui capte les reflets des vitraux de Notre-Dame. « Tout est pensé pour inviter au recueillement », explique l’artiste.
La dimension de dévotion était centrale dans sa démarche. Le reliquaire n’est pas qu’un objet d’exposition : il doit créer un espace sacré où chaque visiteur, croyant ou non, peut entrer en relation avec le mystère qu’il contient.

Tout est dans la douceur et la vibration (…) afin de favoriser la dévotion, qui est toujours première et constante dans la conception d’un tel objet.

Une œuvre totale au service de la foi

Le reliquaire conçu par Sylvain Dubuisson impressionne tant par ses dimensions que par la richesse de ses détails symboliques.
Mesurant 3,60 mètres de haut sur 2,60 mètres de large, il se dresse comme une présence majestueuse dans la chapelle axiale de Notre-Dame. Sa structure principale est réalisée en bois de cèdre, un matériau choisi pour sa résonance biblique : il évoque directement le bois de la croix du Christ.


Les épines en bronze, insérées dans des encoches de plus en plus larges vers le sommet, créent un effet visuel ajouré qui laisse passer la lumière colorée des vitraux. Cette ascension symbolique invite le regard à s’élever, évoquant à la fois le supplice de la Passion et l’espérance de la Résurrection.

Le cœur du reliquaire est une demi-sphère d’un bleu profond, irradiant une auréole composée de douze cercles dorés, symbolisant les apôtres. Cet espace central abritera la Sainte Couronne lors des ostensions. Lorsque la relique n’est pas visible, elle sera protégée dans un coffre-fort intégré à la base du reliquaire, conçu en marbre et évoquant la forme d’un tombeau-autel.

L’ensemble est enrichi de cabochons quadrangulaires en verre à fond d’or, réalisés par le maître verrier Olivier Juteau. Ces éléments captent la lumière naturelle et la reflètent sous forme de points lumineux, renforçant l’impression d’éclat et de sacralité.

Une œuvre pensée pour les fidèles et les visiteurs

Le reliquaire a été pensé comme un véritable espace de recueillement. À sa base, des bougies LED permettent aux fidèles de déposer une lumière en signe de prière ou d’intention. Un emmarchement a également été aménagé pour permettre aux visiteurs de s’agenouiller ou de s’asseoir un instant.

Enfin, la conception du reliquaire intègre des dispositifs de sécurité invisibles mais indispensables, répondant aux exigences liées à la valeur inestimable de la Couronne d’épines. Sylvain Dubuisson souligne : « Toute la complexité a été d’intégrer ces contraintes sans qu’elles ne viennent perturber la beauté de l’ensemble. La sécurité doit s’oublier pour laisser place à l’émotion et au recueillement. »

Un hommage à la dévotion et à l’histoire

Le châsse-reliquaire de la Couronne d’épines est bien plus qu’un simple objet liturgique : il est une œuvre d’art totale, fusionnant symbolisme, spiritualité et excellence artisanale. Réalisé par les Ateliers Saint-Jacques & Fonderie de Coubertin, il incarne à la fois l’héritage de la foi chrétienne et la modernité d’une création contemporaine.


Installé dans la chapelle axiale de Notre-Dame, il devient un point central du parcours de déambulation de la cathédrale, invitant chaque visiteur à contempler non seulement la relique elle-même, mais aussi le mystère qu’elle représente.

Revivez le retour de la Couronne d’épines à Notre-Dame

© Édouard Elias; Etienne Casteleink; KTO TV; DR