Notre-Dame, joyau du patrimoine
Inscrite au patrimoine mondial depuis 1991, Notre-Dame de Paris est un chef-d’œuvre de l’architecture gothique. Les différentes époques, les rois, les courants artistiques, les bouleversements politiques y ont laissé leur trace. Riche de cet héritage, la cathédrale est devenue un monument universel, où unité et variété se mêlent au gré des vitraux et des sculptures, à l’extérieur et à l’intérieur de cette colossale œuvre d’art.
Du Moyen-Âge à l’époque moderne
Commencée en 1163, sous l’impulsion de l’évêque Maurice de Sully, la construction de Notre-Dame s’étend sur plus de deux siècles. L’évolution du goût à la Renaissance prononce le rejet formel de l’art gothique, associé à la barbarie et à l’obscurantisme des siècles précédents. Symbole fort de cette époque, la cathédrale est dédaignée par les artistes. Au XVIIe siècle, elle gagne les faveurs du roi Louis XIII, dont le vœu pieux* sera exaucé par les somptueuses transformations du XVIIIe. Menés de 1708 à 1725, sous la houlette du cardinal de Noailles et de l’architecte Robert de Cotte, ces travaux sont les plus importants que la cathédrale ait connus : on leur doit de nombreux ajouts (arcs-boutants, pignons, galeries…) et le remaniement du chœur dans le style baroque, avec la Pietà de Nicolas Coustou trônant majestueusement au pied de la Croix.
* En 1637, par dévotion à la Vierge, Louis XIII s’engage à faire construire un nouveau maître-autel pour Notre-Dame. Son vœu sera commémoré, dans le nouveau chœur du XVIIIe siècle, par une statue du souverain agenouillé devant la Pietà et tendant sa couronne à la Vierge.
Le chantier du XIXe siècle
Malmenée par les révolutions et les saccages, la cathédrale tombe en ruines au début du XIXe siècle. La tâche qui attend ses restaurateurs en 1844 est de taille, et le pari architectural ambitieux. De ce monument dégradé, Viollet-le-Duc fait un terrain de jeu où son néogothique novateur, fait de fantaisies ornementales, de gargouilles inquiétantes, de recréations arbitraires inspirées de l’existant, exprime librement ses principes. Ses interventions transforment Notre-Dame en une cathédrale composite, où gothiques primitif et rayonnant se côtoient dans un même ensemble. Il restaure ses portails, crée pour sa façade des centaines de statues, fait installer de nouveaux vitraux, se réapproprie le style du XIIIe siècle dans des réalisations audacieuses, dont la flèche en plomb reste la plus iconique.
C’est cette cathédrale, investie par la fiction hugolienne, revivifiée par un architecte moderne, que nous connaissions jusqu’en 2019. Ses dentelles de pierre, ses roses du Moyen-Âge, ses mille et une sculptures de saints et de rois en font un joyau de notre patrimoine. C’était aussi, avant l’incendie, le monument le plus visité de France avec 13 millions de visiteurs par an, soit une moyenne de 30 000 par jour.
Musée de pierre : l’art à Notre-Dame
Au patrimoine architectural de Notre-Dame s’ajoute celui, plus discret mais non moins riche, de ses collections d’art : statues, peintures, tapisseries, sans compter les 2000 objets liturgiques, reliquaires, vases sacrés, etc. qui composent le Trésor. Dons de mécènes ou commandes d’église, ces œuvres d’une grande variété de genre et de style se sont accumulées au fil du temps, malgré les pillages réguliers que l’édifice a subis. Par chance, la plupart d’entre elles ont échappé à l’incendie. Parmi les rescapés, les Mays, qui décoraient les chapelles latérales, constituent un legs historique et pictural de premier plan. C’est pourquoi le programme des aménagements intérieurs prévoit de les valoriser et, de façon générale, de mettre en lumière la beauté et la diversité des trésors conservés à Notre-Dame.
© Photos Diocèse de Paris, Notre-Dame de Paris