Le trésor d’orfèvrerie

Le « Trésor de Notre-Dame » : trois mots pour 2000 objets uniques, pièces d’orfèvrerie et textiles liturgiques, qui forment l’impressionnante collection de la cathédrale. Avant l’incendie, 200 de ces pièces étaient exposés dans les espaces de la sacristie, derrière les vitrines du mobilier historique dessiné par Viollet-le-Duc. 300 000 visiteurs venaient les admirer chaque année. À ce patrimoine doré faisait honneur un parcours retraçant l’évolution de l’art sacré du XIIIe au XXIe siècle, pour les pièces les plus récentes.

Vase d'autel
Raimund Laminit (orfèvre), vase d’autel, entre 1585 et 1890, vermeil, argent

Le soir de l’incendie, alors que les pompiers luttent contre les flammes qui ravagent la toiture, une opération s’organise au sol afin d’évacuer le plus d’œuvres possibles, à commencer par les pièces majeures du Trésor. Le lendemain, l’ensemble des collections est déporté dans des réserves externalisées. Elles attendent désormais de retrouver leur place au sein de l’édifice.

Incendie de Notre-Dame - sauvetage des œuvres

Un projet pour le Trésor

L’occasion est donc donnée de repenser ce Trésor en termes de sens, de scénographie mais aussi d’accessibilité pour le public. Le projet prévoit ainsi l’ouverture à la visite de l’ensemble du cloître et la création de vitrines destinées à exposer certains des objets conservés dans les réserves. Un comité dédié va prochainement voir le jour afin de garantir la pertinence des œuvres choisies, la cohérence du discours et le contenu de la médiation à venir. Les travaux devraient s’étendre sur un an, avec un budget estimé à 370 000 euros.

Couloir sacristie
Couloir ouest du cloître de la sacristie

Petite histoire du Trésor de Notre-Dame…

Depuis le début de la construction de l’édifice en 1163, le Trésor de Notre-Dame a reçu des dons souvent somptueux. Dès le XIVe siècle, les inventaires décrivent la richesse de cette collection exceptionnelle, issue en grande partie du mécénat des souverains et personnalités influentes du royaume. Ces dons enrichissent la cathédrale et reconstituent ses pertes, dues aux demandes financières de la monarchie qui justifient parfois la fonte d’objets précieux (notamment en temps de guerre).

On comprend donc que ce trésor, qui symbolise la prospérité de l’Ancien Régime, jouisse d’une immense renommée à la fin du XVIIIe siècle. Il reflète les fastes de la Cour, les largesses du pouvoir et du clergé, mais aussi des corporations qui disposent de chapelles à l’intérieur de l’édifice.

Orfèvrerie Notre-Dame
Vitrine présentant jusqu’en 2019 l’orfèvrerie religieuse
au lendemain de la Révolution

Point de non-retour, rupture brutale, la Révolution vide intégralement le Trésor. La nationalisation des biens (2 novembre 1789), la confiscation et la fonte des objets inutiles au culte (3 mars 1791), puis des objets du culte eux-mêmes (10 septembre 1792) auront raison de ce riche ensemble, décrit précisément par les inventaires de l’administration révolutionnaire. De l’ancien Trésor, plus rien ne subsiste ou n’est connu à ce jour.

Les cérémonies napoléoniennes et l’arrivée décisive des reliques de la Sainte Chapelle en 1806 lui redonneront quelque éclat ; mais c’est surtout au XIXe siècle, lors des travaux de restauration menés par Lassus et Viollet-le-Duc, qu’il sera reconstitué dans les locaux de la nouvelle sacristie, construite entre 1845 et 1849.

La sacristie vue de l’extérieur

Viollet-le-Duc dessinera, non seulement le mobilier d’exposition, mais aussi un certain nombre d’objets sacrés, vases, lanternes, chandeliers, crucifix, qu’il fera réaliser par de grands artisans de son temps. Au-delà du pastiche des formes médiévales, ces pièces constituent de véritables créations, en particulier les œuvres monumentales comme le grand lutrin, le chandelier pascal et le reliquaire de la Couronne d’épines, détruit le soir de l’incendie.

Reliquaire VLD
Viollet-le-Duc (dessins), Poussielgue-Rusand (orfèvre),
châsse-reliquaire de la Couronne d’épines, 1862, bronze doré, vermeil, pierres précieuses et fines

Durant toute la seconde moitié du XIXe siècle, le Trésor de Notre-Dame ne cesse d’accueillir de nouvelles richesses. En 1905, suite à la Loi de séparation des Églises et de l’État, l’ensemble des biens de la cathédrale est nationalisé. Le XXe siècle perpétuera l’enrichissement par des dons en tous genres, mais aussi et surtout par les commandes de l’Église qui, de longue tradition, a toujours soutenu la création contemporaine, « l’art d’aujourd’hui » comme vecteur de sa spiritualité.

Touret (sculpteur), calice du cardinal Lustiger, 1989, argent doré

Je donne pour la rénovation du Trésor de Notre-Dame

© Photos Notre-Dame de Paris